- Chauffeur de la 23 -Ya pas de cours ce matin au cégep
- Moi- Quoi?
- Chauffeur de la 23 - Ya pas de cours ce matin au cégep
- Moi- Euh … Ya pas de cours au cégep?! …. Ya pas de cours au cégep, ce matin!!!
- YA PAS DE COURS AU CÉGEP AUJOURD’HUI!
En revenant à la maison, le sourire m’est soudainement réapparu au visage. Je me sens maintenant libre de faire de cette journée ce que je veux, ce que je souhaite, ce que j’en ai envie, c'est-à-dire … réaliser des projets personnels qui m’apportent quelque chose, qui me font grandir.
Une charge … une pression … une masse a instantanément disparue. De retour à la maison, je n’ai clairement plus l’impression d’avoir le poids de cette longue journée qui s’annonçait sur le dos. Pas de discussions qui mènent à rien, pas « d’obstinage » à plus en finir, pas de « bon … ben …. qu’est ce que l’on fait? », pas d’impression de perdre son temps, pas de bombe d’énergie négative, pas de pression, … juste un sourire au visage durant toute la journée. Juste assez de temps pour avancer mes projets des autres cours … juste assez pour faire quelque chose de concret de ma journée … juste assez pour apprendre quelque chose de moi … juste assez pour vivre!
Je ne dis pas tout ça pour rien. Honnêtement, en tant qu’étudiante motivée et organisée, je ne me sens pas confortable et à l’aise dans ce cours du mercredi. Je ne me sens pas à ma place du tout. Vous ne pouvez pas savoir à quel point j’ai hâte d’apprendre quelque chose de concret. Depuis le début de ce cours, il y a quelques questions qui me trottent dans la tête. Les réponses sont peut-être bien évidentes pour certains, mais pour ma part, je ne suis pas ou … je ne suis plus capable d’y répondre.
- Que sommes-nous supposés faire dans ce cours?
- Que devons nous apprendre à travers tout ça?
- Quelle est le but de ce projet?
- Qu’est ce que ce projet est supposé nous apporter collectivement et personnellement?
- Où est rendue la matière du cours?
- Où sont rendus les longs discours d’Alain sur l’histoire de l’Art?
- Où sont rendues les questions philosophiques de Michel qui nous faisaient réfléchir?
- Est-ce que c’est normal de s’interroger sur l’essence du cours?
Franchement, je ne comprends plus rien. Je suis à l’école au niveau collégial pour apprendre quelque chose … quelque chose de concret … quelque chose de technique … quelque chose qui pourrait me faire grandir. Je suis là pour travailler de mes mains. Je suis là pour faire quelque chose de ma tête. Je suis là pour en apprendre et ça par quelqu’un qui en sait plus que moi. Est-ce que c’est trop demandé? Est-ce que pour les profs, c’est faisable de transmettre son savoir aux élèves? Les profs n’ont-ils pas plus de bagage de vie que nous? N’ont-ils pas plus d’années d’études? N’ont-ils pas plus de trucs dans la caboche? Franchement … est ce que je me trompe si je dis que OUI?!
Ce n’est pas normal que la mission du cours soit que l’élève doit en apprendre au prof. Ce n’est pas normal que dès le premier travail, l’élève impression le prof. Ce n’est pas normal qu’après 3 ans dans le système du Cégep, qu’il n’y ait pas grand chose qui m’ait impressionné!!
Alors, pourquoi les profs ne veulent-ils pas nous en apprendre plus? Pourquoi n’ont-ils pas avoir le plaisir d’en partager avec nous? POURQUOI? Pourquoi avoir la drôle impression de n’avoir rien … de sortir du cours vide … complètement épuisée … sans aucune motivation à revenir le prochain cours? Pourquoi ne pas en avoir appris? Pourquoi l’idée de perte de temps me vient en tête lorsque je pense à ce cours? Pourquoi l’impression d’arrêter de vivre, alors que je suis supposée d’apprendre et de grandir? Les professeurs n’ont-ils pas un p’tit quelque chose qui vient du fond d’eux-mêmes à nous partager, comme il nous le demande de faire constamment? Un p’tit quelque chose d’intéressant … de constructif … de tangible … de réel … de vrai … de plus que nous!
Cet idée, supposément génial, de lier plusieurs cours ensembles ne peut pas changer le monde de l’enseignement. Nous sommes à l’école pour apprendre des professeurs, pour leur en tirer quelque chose! Ils sont là pour nous en montrer … pour nous en partager … pour nous surprendre … pour nous impressionner! Ils sont là en tant que modèle, en tant que guide, en tant que tuteur … en tant que PROFESSEUR.
Quelques définitions tirées du LAROUSSE :
- Professeur n.m. Personne qui enseigne une matière, une discipline précise.
- Enseigner v.t. 1.Faire acquérir la connaissance ou la pratique de (une science, un art, etc.). 2. Apprendre, inculquer, montrer.
- Apprendre v.t. 1. Acquérir la connaissance, la pratique de. 2. Faire acquérir une connaissance, la pratique de; communiquer un savoir.
- Savoir n.m. Ensemble des connaissances acquises par l’étude.
Malheureusement, jusqu’à maintenant dans ce cours, si je me fis aux définitions précédentes, les professeurs ont échoué leur mission. Pour quelles raisons la nient-ils volontairement? Est-elle si dure à porter?
De ce fait, dans ce projet, nous sommes complètement laissés à nous-mêmes. C’est bien d’avoir un peu d’autonomie, mais là c’est trop! Nous nous tenons fort en tant que groupe, on s’en apprendre entre nous, voilà un bon point dans tout ça, mais … nous en voulons plus. Nous sommes tout de même en train de suivre deux cours, deux cours qui pourraient bien plus enrichissants et intéressants que nos simples blablas d’inexpérimentés. On veut apprendre, il me semble que ce n’est pas trop demandé?
Voilà comment je me sens dans ce projet qui me rejoint sous aucun point. Si les professeurs ne veulent pas nous en apprendre, nous faire grandir … si le groupe n’est pas chargé de cette mission … si JE ne suis pas chargé de cette mission … je ne vois pas qui pourrait m’en apprendre! La mission de ce cours est-elle que chacun prenne la responsabilité de s’en apprendre, de se faire grandir à travers le projet?
Aujourd’hui, je vais vivre, je vais m’en apprendre, je vais me faire grandir. C’est ma mission personnelle de ma vie entière et je crois que c’est celle de tout le monde qui a la volonté d’apprendre, de savoir, de vivre … toujours plus. Je n’ai pas besoin d’un prof pour m’apprendre à vivre, ça, s’était la mission de mes parents. J’ai besoin d’un prof pour enrichir ma culture personnelle, pour apporter un plus à ma vie, pour remplir ma caboche de savoir-faire et non, de savoir vivre! Voilà, je n’ai maintenant plus rien à dire pour l’instant, mais j’en ai beaucoup à apprendre … à vous de me comprendre.
4 commentaires:
Désolé Caroline pour ce long délai
Sous le signe de la frustration!
J'avais écrit un long commentaire en collaboration avec Alain mais il s'est perdu dans le cyber-espace!
Je ferai donc plus court parce que je suis déçu d'avoir perdu ce texte assez élaboré. Je tâcherai d'aller à l'essentiel.
Merci pour ta franchise, c'est fidèle à la générosité dont tu as toujours fait preuve dans les travaux que j'ai vu de toi. C'est l'occasion pour nous de pousser encore plus loin, de nous améliorer toujours.
Nous sommes très sensibles à tes frustrations. Nous sommes disponibles pour en discuter avec toi demain au collège. tu peux venir me voir à mon bureau à partir de 14h, Alain pourrait nous rejoindre à partir de 15h. Nous sommes également disponibles entre 11h et midi.
Merci
Bonjour Caroline,
En tant que personne venant de l'extérieur qui se questionne à la fois sur l'art et sur l'éducation dans ses études, voici ma réaction face à ton excellent commentaire.
Depuis la session d'automne, je constate à quel point tu es une étudiante brillante, qui est capable de pousser une idée jusqu'au bout et même en dépassant les standards. Je te vois très bien poursuivre des études en arts, car tu as vraiment un esprit artistique très très fort. Mais bon, je ne veux pas t'influencer dans tes choix de carrière, c'est toi qui a le dernier mot là-dessus.
Le hic, c'est que dans le monde de l'art (et même dans beaucoup de situations de la vie), on est seul. Il n'y a plus personne pour nous dire sur quoi on doit travailler, plus personne pour nous apprendre quoi que ce soit. Nous devons nous même trouver ce qui nous intéresse, nous passionne et se fixer des objectifs à atteindre. C'est quelque chose que tu comprends déjà sûrement, car tu travailles sur des projets personnels. Ceux-là, personne ne te les a imposés, tu les as choisi selon tes intérêts et tes désirs. alors, pourquoi pas travailler en ce sens dans ce projet collectif?
C'est certain que dans ce cas-ci, il y a les autres. Peut-être que ton désir profond de créer est freiné par les idées des autres qui ne vont pas nécessairement dans le même sens que les tiennes. Dans ce cas, la communication avec les membres de ton équipe est très importante pour affirmer tes désirs et tes craintes, et tes coéquipières en feront tout autant. Par ailleurs, je ne crois pas que ce soit si catastrophique que ça. J'ai vu beaucoup de progrès depuis la première rencontre, les idées commencent à émerger des différentes équipes et elles semblent toutes très intéressantes. Peut être y a-t-il une petite impasse dans ton équipe? Je ne suis pas vraiment au courant, mais si tel est le cas, ne vous en faites pas. Il est tout à fait normal pour des créateurs de ressentir parfois des périodes de vide total où les idées ne viennent tout simplement pas. Cela est frustrant et angoissant je le sais, mais il faut faire confiance en notre esprit créateur, il trouvera la solution.
Si je peux me permettre, j'aimerais partager avec toi ma vision de l'enseignement. Oui bien sûr, l'enseignant est là pour apprendre quelque chose aux étudiants. Mais, je refuse l'idée qu'il doit prendre ses étudiants pour des oies qu'il doit gaver à tout prix de connaissances ou de recettes toutes faites imposées par un système insensible qui croit toujours avoir raison. Tout ça afin de produire des cerveaux bien gras, mais sans personnalité, sans identité propre. Je vois l'enseignement comme un juste milieu entre les connaissances à transmettre de la part de l'enseignant et les désirs d'apprentissage et d'affirmation de l'étudiant. Vous vous êtes déjà fait imposé beaucoup de chose lors de vos trois premières sessions dans le programme, pourquoi ne pas prendre celle-ci pour vous affirmer et vous éclater? Je crois que c'est ce que Alain et Michel désiraient lorsqu'ils ont conçu ce projet, vous mettre dans une situation où vous êtes les propres artisans de votre apprentissage. Nous agissons dans ce cas-ci comme étant des guides ou des conseillers qui peuvent vous venir en aide mais le chemin, c'est vous qui devez le parcourir. Nous irons dans la direction qu'il vous plaira d'aller.
Pour terminer, j'aimerais ajouter une petite définition à celles que tu nous as fournies et qui est aussi très intéressante.
Pédagogie:
Le terme de pédagogie dérive du grec παιδαγωγία, de παιδός (/'paɪdɔs/) « l'enfant » et ἄγω (/'a.gɔ/)« conduire, mener, accompagner, élever ». Dans l'antiquité, le pédagogue était un esclave qui accompagnait l'enfant à l'école, lui portait ses affaires, mais aussi lui faisait réciter ses leçons et faire ses devoirs.
Source: Wikipedia
Merci encore pour ta franchise et ne t'inquiète pas pour la suite des choses, nous trouverons ensemble les solutions pour que nous puissions tous sortir grandis de cette expérience.
Je me sens très touchée et concernée par ce que tu as dit Caro. Je suis quelqu'un de très émotive et lorsque je m'exprime cela semble trop irrationnel. Je l'impression que tu as mit des mots et des arguments sur mes émotions et ma pensée. Merci
Je suis d'accord avec toi Caroline. Évidemment, nous sommes en arts et on se doit d'avoir nos idées et nos concepts uniques par contre, peut-être souis-je trop conventionnel pour ce programme mais je crois que même en art il est possible d'obtenir un minimum de savoir de la part des enseignants. Sinon, pourquoi serions nous tous inscrit ici dans UN PROGRAMME QUI SE DONNE AU COLLÉGIAL!??? il serait facile de créer par soi-même dans notre propre atelier privé. ICi dans une institution encouragé par les normes du ministère de l'éducation du Québec, notre goût du savoir devrait pouvoir être rassasié, ce qui ne l'est pas vraiment dans ce cours...excellente réflexion!
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